Entrevue avec Patrick Poivre d’Arvor


En dépit d’un programme chargé, PPDA a bien voulu m’accorder une entrevue à son bureau de TF1.

PPDA - Ayant eu mon bac en 1964, après un an à Strasbourg, ce devait être entre 1966 et 1969. C’est assurément avant 1970, année où j’ai débuté mes études de journalisme.

PPDA - J’ai étudié à la fois le russe et le serbo-croate. J’étudiais parallèlement à Sciences Po et je souhaitais passer le concours des Affaires Étrangères pour lequel deux langues de la même zone étaient exigées. J’étais, depuis toujours, attiré par l’Europe de l’Est, les pays slaves. D’ailleurs, j’y suis allé très tôt par mes propres moyens : en Pologne en stop, en Russie (en fait en URSS) et ce qui était alors la Yougoslavie.

À Sciences Po, j’étais particulièrement intéressé par les cours dispensés notamment sur le marxisme, l’URSS, etc.….

PPDA - Je n’étais pas très assidu ; je n’ai pas terminé le russe, je crois m’être arrêté en 2e année pour la langue et en 3e année pour la civilisation. En revanche, je crois bien avoir terminé le serbo-croate.

PPDA - Je garde un excellent souvenir de la population des Langues O’. J’aimais beaucoup ces gens venant de partout, de tous âges, de toutes origines sociales et géographiques. J’aimais beaucoup cette mixité. Nos cours étaient dispensés rue de Lille, mais aussi boulevard St Germain (dans la salle de géographie). J’aimais ce mélange. Je trouvais cela très intéressant. On pouvait nouer des amitiés avec des gens inattendus, originaux, différents, «pas dans le moule» comme ceux que j’ai connus en droit ou à Sciences Po. C’est l’école où j’ai senti la plus grande aspiration vers toutes sortes de libertés (au pluriel). Par ailleurs, j’ai adoré découvrir des civilisations différentes, des moeurs différentes, je ne parle même pas de la langue, des façons de voir différentes. Ca m’a ouvert l’esprit. Je sais que cela m’a énormément aidé après dans mon activité de journaliste.

Pas seulement la pratique des langues, que je n’ai pas tellement utilisées, mais le mode d’ouverture et de curiosité. J’en serai à vie reconnaissant à Langues O’.

En fait, je suis très reconnaissant, 40 ans plus tard, à un monsieur qui n’était plus un jeune homme. Il était chauffeur de taxi et il était inscrit comme moi en serbo-croate, mais c’était pour réapprendre sa propre langue. Il était, bien sûr, plus fort que moi et il me soufflait à haut voix les réponses aux questions que me posait mon professeur (M. Boivin, je crois ?) qui était un peu sourd... Donc, je le confesse, j’ai été bien aidé par ce monsieur, plus âgé que moi, barbu, qui m’a permis de terminer ma scolarité en serbo-croate, alors que, franchement, aujourd’hui, j’ai tout oublié. Nous étions alors 7 ou 8 dans la classe ; l’examen se passait en petit comité.

Voilà mes souvenirs. C’est vrai que cela me ferait plaisir de retrouver ce monsieur...

PPDA - Oui, bien sûr. Je ne suis pas retourné depuis. C’est toujours rue de Lille ? Il faudra que je revienne un jour.

PPDA - C’est une bonne idée !

PPDA - Je souhaite à l’association de vivre déjà au moins 20 ans de plus pour fêter ses 100 ans et puis de continuer d’être aussi vivace et dynamique. Ça m’a fait plaisir de vous rencontrer et d’évoquer ces souvenirs. Vous m’enverrez l’article ?

Françoise MOREUX
Février 2008